voir {name}

retour

Un style de vie sain, c’est payant

Édition n° 116
Avril. 2017
Fin des programmes nationaux de prévention

Un style de vie sain. La santé est un bien précieux, et nous en prenons pleinement conscience lorsque nous tombons malades. Dès lors, nous devons nous employer à la préserver notre vie durant, car elle n’est pas uniquement le fruit du hasard, loin de là. Elle est conditionnée en grande partie par notre comportement et notre environnement. Les programmes nationaux de prévention Alcool, Tabac, Alimentation et activité physique et le programme de mesures Drogue visaient justement à instaurer des conditions favorables. L’objectif du travail mené ces huit dernières années a été de maintenir ou de renforcer la qualité de vie de l’individu. Au vu des progrès réalisés, nous pouvons dire aujourd’hui que nous sommes sur la bonne voie.

Infographie

Si l’on a d’innombrables souhaits quand on est en bonne santé, il suffit de tomber malade pour ne plus désirer qu’une chose ! En effet, c’est souvent quand on l’a perdue que l’on mesure pleinement combien la santé est précieuse. Cependant la bonne nouvelle est que nous pouvons la préserver, voire l’améliorer : la prévention est l’alpha et l’oméga de la santé.

Les progrès en matière d’hygiène, la prévention de carences alimentaires, l’amélioration des conditions de logement et de travail ainsi que les vaccinations ont été d’importantes conquêtes des XIXe et XXe siècles, qui ont eu des retombées positives sur la santé publique et la prévention des maladies. Aujourd’hui, de nouveaux défis nous attendent. S’il est certes source de beaucoup de confort, le style de vie moderne nous apporte aussi son lot de problèmes. Le travail physique a fait place à la sédentarité, la restauration rapide est entrée dans les moeurs ; quant aux sensations fortes, c’est dans les nouvelles drogues que l’on va désormais les chercher. Pendant des décennies, on nous a entretenus dans l’illusion que fumer était l’expression de la liberté. L’alcool est disponible partout, à bas prix, 24 h/24 ; et il faudrait encore arriver à dégager du temps dans un planning surchargé pour augmenter son activité physique.

La prévention doit donc devenir un geste aussi naturel que de se brosser les dents avant d’aller au lit. Cela nécessite de l’information, du soutien, des conditions- cadres propices et des « recettes » simples, autant d’éléments que les quatre programmes de prévention se sont employés à mettre en place.

De nombreux acteurs pour des mesures combinées

Ayant identifié depuis plusieurs années les bienfaits que pouvait engendrer une action coordonnée des acteurs de la santé publique, le Conseil fédéral a décidé de lancer les programmes nationaux de prévention Alcool, Tabac, Alimentation et activité physique, parallèlement au programme de mesures Drogue, mis en place dans les années 1990. Il a chargé l’OFSP d’en fixer le cap et de prioriser les différentes mesures. Les partenaires issus de divers horizons ont apporté leur expertise et les points forts de leurs domaines respectifs à ces programmes. C’était, en particulier, les cantons, l’Office fédéral du sport (OFSPO), l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), la Régie fédérale des alcools (RFA), le Fonds de prévention du tabagisme (FPT) et les trois commissions fédérales qui s’occupent de prévention (en matière de tabagisme, d’alcoolisme et de toxicomanie). Ces acteurs ont tous oeuvré à leur implantation avec différentes organisations professionnelles et ONG, tout en intensifiant leur collaboration au fil des années. Une prévention efficace est le fruit de différentes mesures savamment dosées et d’un échange régulier entre les acteurs. Les programmes ont été conçus de manière à renforcer la responsabilité et les compétences individuelles en matière de santé. Pour ce faire, les preuves scientifiques, les chiffres de la consommation et les bonnes pratiques ont été recensés, monitorage et évaluations à l’appui. Des campagnes ont été menées pour informer la population des risques et des offres de soutien. Mais les connaissances à elles seules ne suffisent pas. Il faut aussi des conditions-cadres propices à la santé : par exemple, des cantines qui élaborent des repas équilibrés, des entreprises qui proposent des cours de sport à leurs employés, des pistes cyclables sûres et un aménagement judicieux du territoire qui incitent davantage de personnes à se rendre à leur travail à vélo ou à pied plutôt qu’en voiture renforçant du même coup leur système cardio-vasculaire. Les mesures volontaires de l’économie ont permis de mettre sur le marché des aliments à teneur réduite en sel ou en sucre. De même, les réglementations légales telles que la loi sur la protection contre le tabagisme passif ont largement contribué à la prévention.

La prévention est un bon calcul

Les offres d’intervention et d’information élaborées dans le cadre des programmes ont donné aux intéressés des pistes simples et tirées du quotidien pour améliorer leurs performances tant physiques que mentales. Le public a également été sensibilisé au fait que l’arrêt du tabac et une consommation d’alcool mesurée étaient porteurs d’un plus grand bien-être et d’une meilleure qualité de vie. Les escaliers au lieu de l’ascenseur, la pomme en guise d’en-cas et les menus équilibrés à la cantine sont autant de contributions quotidiennes à la santé et au bien-être individuel dont il ne faut pas négliger non plus l’effet bénéfique pour la société tout entière. En effet, une personne en bonne santé décharge le système de santé solidaire dans la mesure où elle recourt moins, ou plus tard, aux prestations. L’effet des activités de prévention sur le système sanitaire ne se manifeste souvent qu’à long terme. Cependant, plusieurs tendances positives ont été observées ces huit dernières années. La loi sur la protection contre le tabagisme passif remplit sa mission : en créant les conditions d’une nette diminution du taux de personnes exposées à la fumée nocive du tabac, elle a provoqué un recul des hospitalisations pour crise cardiaque de 20 % en un temps record. La consommation d’alcool à risque a aussi baissé, en particulier chez les jeunes. Le nombre de personnes pratiquant une activité physique régulière a progressé ces dernières années. Quant à la proportion de jeunes en surpoids, en constante augmentation pendant plusieurs années, elle s’est finalement stabilisée. En outre, plus de la moitiédes fumeurs souhaitent arrêter. Nous avons donc indubitablement marqué des points ces huit dernières années, avec les programmes nationaux de prévention Tabac, Alcool, Alimentation et activité physique. Le programme de mesures Drogue, basé sur la politique suisse des quatre piliers et qui fait référence sur le plan international, a mis à la disposition des personnes concernées une vaste offre d’aides en matière de prévention, de thérapie et de réduction des risques. Ce faisant, il a provoqué un net recul des décès et de la criminalité connexe, permis d’améliorer la santé des personnes souffrant d’addiction et entraîné la fermeture des scènes ouvertes de la drogue. Sur le plan économique, la prévention est aussi un investissement extrêmement payant, sans compter les bienfaits inestimables que représentent la préservation de la santé et de la qualité de vie.

Importance croissante des maladies non transmissibles

Les trois programmes de prévention et le programme de mesures ont été menés à bien. Cependant, l’évolution constante des conditions de vie dicte sans cesse de nouvelles adaptations des stratégies et des mesures. Les maladies les plus répandues dans les pays industrialisés et qui se propagent dans le monde nous rappellent combien notre mission est cruciale.

Environ deux tiers des décès sont imputables à quatre types de maladies : le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les affections des voies respiratoires. Des maladies que les professionnels de la santé désignent, avec les maladies chroniques de l’appareil locomoteur et les maladies psychiques, de « maladies non transmissibles » (en anglais, non-communicable diseases ou NCD). 80 % des actuels coûts de santé leur sont imputables, et la tendance est en hausse, sous l’effet conjugué du vieillissement démographique et de la probabilité croissante de contracter une maladie chronique avec l’âge. Ces maladies constituent donc un défi majeur pour notre système sanitaire, notamment en raison de leur coût considérable. Dans l’actuel contexte d’augmentation des primes d’assurance-maladie, ce constat ne doit pas nous laisser indifférents. Pour le Conseil fédéral, il montre que nous devons poursuivre nos efforts. D’où l’objectif, fixé dans la stratégie Santé2020, d’intensifier la promotion de la santé et la prévention des maladies. Des mesures sont prévues dans les domaines des maladies non transmissibles, de la santé psychique et des addictions.

Par conséquent, la Confédération, les cantons et la fondation Promotion Santé Suisse ont élaboré la nouvelle stratégie nationale de prévention des maladies non transmissibles ou stratégie MNT avec leurs partenaires. Celle-ci vise à garantir une utilisation encore plus ciblée des ressources de la Confédération, des cantons et des acteurs privés ainsi qu’une coordination optimale de leurs activités, axées sur les objectifs communs. Elle est complétée par la Stratégie nationale Addictions qui, tout en offrant un cadre d’orientation et d’action global, fixe le cap de la politique suisse de prévention des addictions pour les prochaines années. La stratégie Addictions doit nous permettre de faire face aux nombreuses substances et comportements ainsi qu’aux nouvelles formes d’addiction, qui ne cessent de se développer. Elle repose sur un équilibre entre responsabilité individuelle et soutien aux personnes qui en ont besoin. Ces deux stratégies prennent le relais des quatre programmes nationaux, qui se sont achevés à la fin 2016.

Le grand potentiel des stratégies nationales réside dans l’interaction des principaux acteurs. Les mesures éprouvées sont certes reprises dans les nouvelles stratégies. Cependant, nous sommes aussi soucieux de combler les lacunes identifiées les années précédentes. D’une part, en axant encore davantage notre action sur la pratique et en visant plus précisément encore les groupes de population concernés ou à risque. Car même en Suisse, en dépit d’un système sanitaire qui compte parmi les références internationales, le déterminisme social pèse encore trop souvent sur la santé. D’autre part, les soins de santé ont été définis comme un grand champ d’action des deux stratégies. Les personnes présentant un risque accru de tomber malades ou qui le sont déjà doivent pouvoir s’appuyer sur des offres adaptées à leurs besoins et capables d’atténuer les effets ou d’améliorer l’évolution de leur maladie. La prévention doit être plus fortement ancrée dans la chaîne thérapeutique. Le corps médical, le personnel soignant et les autres professionnels de la santé ont un rôle crucial à jouer à cet égard. Les interfaces et la collaboration au sein et hors du système doivent être perfectionnées au profit de la coordination des soins. Enfin, il convient, tout en encourageant et en préservant la santé physique, de veiller également sur la santé psychique. Celle-ci est souvent liée aux facteurs de risque alcool, tabac, drogue, alimentation et activité physique. Aussi les mesures MNT seront-elles coordonnées avec celles de la prévention des addictions et de la prévention des maladies psychiques.

Les priorités thématiques sont donc fixées. Et, forts de l’expérience des dernières années, nous abordons l’avenir, en plaçant l’être humain au centre de notre travail. Nous voulons que chacun reste en bonne santé le plus longtemps possible, et ce, jour après jour. Ce faisant, nous sommes convaincus que les nouvelles stratégies MNT et Addictions, lancées cette année, apporteront une contribution décisive au bien-être de la population.

Contact

Roy Salveter, responsable Division Prévention des maladies non transmissibles, roy.salveter@bag.admin.ch

Nach oben