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Une boussole pour la politique de santé

Édition n° 98
Mai. 2013
Politique de la santé

Forum Michael Jordi. L’enchevêtrement de routes et de chemins qui se croisent et se recroisent accroît le risque de s’égarer ou d’arriver dans un cul-de-sac. Mieux vaut alors être équipé d’une carte et d’une boussole ou – pour vivre avec son temps – d’un GPS ou d’un appareil de navigation. L’imbroglio offert par la politique de santé suisse n’est pas différent. Ici aussi, il faut des directives et des feuilles de route claires pour s’y retrouver, faute de quoi on perd facilement l’orientation. La stratégie du Conseil fédéral «Santé2020» peut jouer ce rôle d’appareil de navigation bien que seules les grandes routes y soient mentionnées.

Du moins cet agenda est-il bien lisible, agréablement concis et d’un concret inattendu pour la majorité des objectifs. Il faut adopter les grandes orientations. La politique de santé a notamment pour mission principale d’accorder la priorité au traitement des maladies chroniques qui touchent toujours plus de personnes, péjorent leur qualité de vie et sont, en outre, très coûteuses. Il est donc juste d’adapter les structures de soins, précisément dans ce domaine, et de mieux connecter les différents intervenants dans la chaîne qui s’étend de la prévention au diagnostic, au traitement et au suivi. Cette chaîne se compose d’individus se consacrant aux patient-e-s et qui sont bien formés pour le faire. Le rapport fait mouche en soulevant ici l’un des problèmes principaux: améliorer la qualité de notre système de santé en harmonisant mieux les processus de travail, en documentant plus clairement les prestations fournies, en accélérant et en précisant la transmission d’informations grâce aux instruments eHealth. La meilleure stratégie est vouée à l’échec dès le départ s’il manque les professionnels bien formés et capables de la mettre en œuvre.
Les autres priorités sont également fixées avec discernement. Le système de santé suisse, déjà de grande qualité, n’en recèle pas moins encore des potentiels d’amélioration: meilleure transparence des coûts, équité financière plus équilibrée, systèmes tarifaires modernes et judicieusement incitatifs ou coordination plus précise de la prévention et de la promotion de la santé. La Confédération a un rôle à jouer ici, dans le cadre de ses compétences. Mais «Santé2020» ambitionne aussi très justement un rapprochement avec les cantons. Cette coordination des régulateurs publics doit s’exprimer plus fortement à l’avenir pour atteindre les objectifs fixés. Pour faire face à la mission que la Constitution lui impose de veiller à la santé de la population, pour garantir le financement par les impôts et les assurances so-ciales et pour répondre à la complexité croissante de la prise en charge, le système de santé a manifestement besoin d’être piloté par une «main visible». Mais les pouvoirs publics ont aussi besoin du soutien et de l’initiative des autres acteurs, prestataires et assureurs, sans l’aide desquels les objectifs, aussi nobles soient-ils, resteront lettre morte. La population a également un rôle important à jouer, que ce soit en tant qu’assurée, contribuable, patiente ou proche de patients. Seul un soutien solidaire de tous permettra de développer et d’améliorer ce système global.
Au bout du voyage, en 2020, nous constaterons peut-être que nous ne sommes pas encore tout à fait au but, que nous avons été freinés par des travaux ou des déviations en certains endroits, ou que nous avons dû patienter dans des embouteillages. Cela arrive, même avec les meilleurs systèmes de navigation … et encore plus avec les stratégies politiques.


Michael Jordi,
Secrétaire central de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé*

* La CDS manifeste un grand intérêt pour la stratégie «Santé2020», mais n’a pas encore débattu de certaines propositions en son sein. En conséquence, le présent article ne reflète que l’opinion personnelle de l’auteur.

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