
La pandémie accentue les inégalités face aux problèmes psychiques
Juin. 2023Santé et social : pour un renforcement des interfaces
La pandémie de COVID-19 a été éprouvante pour un bon nombre de la population. Elle a encore creusé les inégalités existantes selon une étude synoptique réalisée sur mandat de l’OFSP, les groupes de population en situation de précarité sociale et économique ou en mauvaise santé ont davantage souffert de la pandémie.
Les périodes de crise peuvent susciter de l’anxiété, de l’épuisement ou une humeur dépressive, et affecter la santé psychique. La pandémie de COVID-19 n’a pas fait exception à la règle, même si une grande majorité de la population suisse a bien surmonté l’épreuve. Selon une étude synoptique parue en décembre 2022, des indices de dépression ou de troubles anxieux ont toutefois été identifiés chez quelque 2 à 3,5 % des personnes interrogées – mais ont eu tendance à diminuer quand la situation s’est normalisée au début de 2022. Les groupes de population qui étaient déjà défavorisés sur le plan social, économique ou sanitaire ont davantage souffert de la pandémie : les personnes seules ou en situation de précarité financière, celles au chômage ou encore atteintes de maladies psychiques ou physiques préexistantes se sont montrées plus critiques sur leur santé psychique que la moyenne des gens – et ont jugé l’impact de la pandémie particulièrement négatif.
Difficultés financières et angoisses existentielles
Le stress psychique a augmenté pour une grande partie de la population lors des vagues de la pandémie, et de manière nettement plus marquée pendant les deuxième et troisième vagues que durant la première. Cette pression a rapidement diminué pour la majorité des personnes, lors des phases d’assouplissement des mesures et de diminution des cas d’infection. Toutefois, l’état psychique des groupes vulnérables a moins eu tendance à s’améliorer durant les phases de détente.
Divers facteurs interviennent ici, dont notamment la détérioration des conditions matérielles, les difficultés financières et les craintes existentielles provoquées ou exacerbées par la pandémie. Les personnes qui n’avaient pas de travail, qui craignaient pour leur emploi ou qui percevaient une rente AI ont plus souvent rapporté les conséquences psychiques négatives de la crise. Les individus cumulant les facteurs de risques étaient particulièrement vulnérables. Une étude réalisée dans le canton de Genève a révélé que les sans-papiers, soit les personnes sans statut de séjour légal en Suisse, présentaient des symptômes très fréquents et graves de stress psychique.
Les minorités sexuelles et de genre faisaient état d’une moins bonne santé psychique que la moyenne de la population déjà avant la pandémie. L’écart a eu tendance à se creuser, principalement parmi les personnes trans. Ces dernières ont manifestement rencontré des difficultés d’accès aux thérapies hormonales ou aux opérations de réassignation sexuelle.
Chronicisation du stress psychique chez les jeunes
Après la deuxième vague de pandémie, des indices marqués de chronicisation du stress psychique sont apparus chez une partie des adolescentes et adolescents et des jeunes adultes – en particulier chez les filles et les jeunes femmes, les jeunes vivant dans des ménages défavorisés et les personnes issues de la migration. Les besoins de prise en charge en psychiatrie de l’enfance et de l’adolescence ont augmenté, et la pénurie d’avant la pandémie s’est encore exacerbée dans ce secteur.
Comme la population dans son ensemble, les jeunes ont eu des réactions très hétérogènes face à la crise, en fonction des facteurs de risque ou de protection. Des liens familiaux étroits et un bon réseau social peuvent notamment prévenir certains comportements à risque, comme une consommation excessive de médias ou d’alcool, ou déjouer les troubles du sommeil.
Des offres d’aide très sollicitées
L’OFSP a soutenu pendant la pandémie, entre 2020 et 2022, différentes offres d’aide à bas seuil. En tout, deux millions de francs ont ainsi été alloués aux initiatives d’organisations comme Pro Juventute, Pro Mente Sana, La Main Tendue ou Ciao.ch. Les demandes de conseil ayant explosé, ces offres ont connu un vif succès durant la pandémie.
L’offre actuelle en psychiatrie de l’enfance et de l’adolescence a encore été discutée en détail entre l’OFSP, la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé et les cantons. Des initiatives ont été adoptées ou les capacités accrues dans bien des cantons ou régions. Il est important en effet de combler les lacunes de l’offre de soins psychiatriques et psychothérapeutiques. Il est par ailleurs important de repérer plus tôt les souffrances psychiques et de renforcer les ressources personnelles cela déchargerait non seulement les structures engorgées, mais améliorerait de surcroît la qualité de vie des jeunes.
Contact
France Genin,
section Politique
nationale de la santé,
france.genin@bag.admin.ch