
« Avec le recul, je suis contente de m’en être sortie »
Mars. 2021Addictions comportementales
Erlebnisbericht. Faire du shopping est une activité à laquelle beaucoup aiment s’adonner pendant leur temps libre. Mais qu’en est-il lorsque faire des achats devient une addiction qui fait exploser le budget ? Témoignage anonyme d’une personne faisant des achats compulsifs.
« Ce n’est qu’au cours de l’année que j’ai découvert être une acheteuse compulsive. Cela faisait pourtant plus de 20 ans que j’avais commencé à dépenser plus que ce que je possédais. J’avais à l’époque une relation avec un toxicomane. Je me suis naïvement laissée entraîner à financer son addiction. Et lorsque je n’avais plus les moyens de le faire, je trouvais de l’argent par d’autres biais. Même si nous avons rompu par la suite, j’avais appris qu’il était facile de disposer de plus de moyens que ce qu’on possède. J’ai ensuite appliqué cette leçon à l’achat de vêtements. Lorsque quelque chose me plaisait, il me le fallait.
Mes achats compulsifs me mettaient sans cesse dans des situations déplaisantes. J’ai aussi dû passer devant le tribunal et assainir mes dettes pendant plusieurs années. Malgré tout, j’ai toujours donné à mon entourage l’impression d’avoir tout sous contrôle. Je faisais illusion d’une façon ou d’une autre, même si cela devenait de plus en plus pénible : au final, le sentiment de joie procuré par les nouveaux vêtements achetés ne durait même pas jusqu’à la porte du magasin. J’avais des remords avant même de quitter les lieux.
Lorsque mon partenaire a découvert, il y a un an, que je faisais un usage abusif de notre carte de crédit commune, le tissu de mensonges que j’avais créé s’est finalement effondré. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que je me suis sentie prête à me pencher de manière approfondie sur mon comportement excessif en matière d’achats. J’ai ensuite ouvert les yeux pendant ma thérapie. Quelle ne fut pas ma stupéfaction d’apprendre que le siège de l’addiction se trouvait dans le tronc cérébral. Et que la raison devait être nourrie et entretenue dans le cortex pour qu’elle puisse mettre un terme à l’addiction.
Avec le recul, je suis contente de m’en être sortie. Je ressens un grand soulagement de ne plus avoir à vivre dans le secret et la dissimulation. Je reconnais maintenant mes achats compulsifs comme une maladie face à laquelle je peux recevoir de l’aide. Je suis très reconnaissante envers mon partenaire de m’avoir demandé de prendre un engagement ferme et de ne pas m’avoir laissée tomber.
Je ressens toujours le besoin compulsif d’acheter, mais avec beaucoup moins d’intensité. J’ai aussi appris à m’écouter davantage. Je sais désormais mieux comment je me sens et connais les moments dans lesquels je peux me permettre de passer devant des magasins de vêtements et d’être alors confrontée à mes objets de convoitise. Je pense que je devrai vivre avec ma maladie jusqu’au bout. Mais je suis en train d’apprendre à la gérer. »