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Parlez-vous médical ?

Édition n° 122
Oct.. 2018
Communication dans le secteur de la santé

Forum. « Parlez-vous médical ? » Telle devrait être plus ou moins la question centrale lors de la première rencontre entre un patient et son médecin.

Dans la vie quotidienne, il nous paraît évident de s’assurer que l’on parle une langue commune lors de chaque entrevue. Il n’en va pas de même dans les cabinets médicaux ou à l’hôpital. Aussi bien à l’échelle de la société que de l’individu, l’on part tacitement du principe que patients et médecins se comprennent. Cela est d’autant plus étonnant que rien ne le justifie. Bien au contraire : le patient est un non-initié, exerce souvent une profession non médicale, peut se trouver dans une situation exceptionnelle et doit prendre des décisions dans un domaine essentiel, mais qui lui est étranger, sans y avoir été préparé.

Le médecin est dans son quotidien professionnel, dispose des connaissances spécialisées nécessaires et de son jargon et, outre ce déséquilibre en termes de connaissances, est en relation avec d’autres professionnels à qui il peut faire appel pour avis ou conseil. Le médecin est confronté à beaucoup en peu de temps : une patiente avec une maladie qui met en jeu son pronostic vital et à laquelle il doit annoncer que son cancer a formé des métastases, ainsi qu’un patient hypocondriaque. Il doit aborder ces deux personnes avec la même empathie et le même professionnalisme, tout en parlant un langage compréhensible et en leur offrant une écoute attentive pour éviter tout mal entendu.La communication doit permettre d’impliquer activement la patiente ou le patient dans le traitement, avec ses ressources, son entourage et ses possibilités. Dès lors, les perspectives d’amélioration ou de guérison seront maximales. Seul un langage commun permet d’établir cette indispensable relation de confiance.

Mettre des mots sur la souffrance

Parler un langage commun est aussi essentiel dans les domaines de la promotion de la santé et de la prévention. Qu’une personne en bonne santé veuille changer un comportement qui met sa santé en péril ou qu’un individu malade doive être traité, chaque groupe, chaque individu a besoin de parler un langage commun avec le professionnel auquel il s’adresse. Il appartient au professionnel de trouver un langage que son interlocuteur comprend et à celui-ci de s’exprimer et de se faire comprendre de manière intelligible. Lors de la création de la Fédération des patients en 1979, les patients se plaignaient déjà de ne pas avoir leur propre jargon. Ils ne pouvaient pas s’exprimer ni mettre de mots sur leurs maux. Depuis des années, la communication entre patients et professionnels reste donc le plus grand défi à relever dans le cadre des soins de santé. À tort, les professionnels partent du principe qu’ils parlent un langage commun avec les patients. On sait pourtant depuis plusieurs décennies que la communication peut entraîner des malentendus entre patients et professionnels, voire des erreurs manifestes. L’absence fréquente de langage commun est aussi un fait dont les professionnels ont conscience depuis longtemps. Des propositions de solution ont été présentées et sont mises en œuvre dans de nombreux lieux par des professionnels les plus divers et des « non-initiés ».

De plus en plus de patients sont aussi en mesure d’exiger que l’on s’adresse à eux dans un langage clair. En tant que Fédération des patients, nous œuvrons à tous les niveaux pour le développement des compétences individuelles en matière de santé et de risques. Nous devons tous accorder la même importance à trouver un langage commun compréhensible.

Contact

Erika Ziltener, présidente de la Fédération Suisse des patients

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